"Parcours Croisés" – Chapitre 8

Parcours croisés – Lundi, mardi
Chapitre 8
Alain

- Des invités ? Qui donc ?
Martina laisse glisser ses jambes au sol dans un soupir, se redresse vers moi :
- T’es toujours tout mouillé, toi ! et cette fois, c’est pas à cause de la douche …
Elle ramasse la serviette à mes pieds et m’essuie la bouche :
- Je sais pas encore trop bien, j’attends leurs réponses …
- On a des invités et tu sais pas qui ?
- Si, mais ils n’ont pas encore dit oui ou non, je saurai demain.
- Mais c’est qui ?
- … eh ben … sans doute Christophe et son « élève » …
- Jonathan ? le gars que j’ai vu à l’oasis ? Ah bon ?
- Bah, il est pas méchant … et puis il est toujours dans les jambes de Christophe, alors …
- Et puis ?
- On pourrait inviter ton copain ? Jérémy ?
- Je l’ai eu au téléphone ce matin, il a besoin du taille-haie …
- Il viendrait, non ?
- Ouais sans doute …
- … et puis peut-être la commerciale de l’agence dont je t’ai parlé .. ;
- Oh !oh ! celle qui te drague ?
- Mmm mmm … et puis une invitée surprise …
- Qui ça ?
- Si je te dis, c’est plus une surprise !
- Allez …
- … bon ! … ce matin … j’ai aperçue notre voisine en partant …
- Celle au camionneur ?
- Ouais, et puis … je te raconterai après. Ce soir, elle sortait les poubelles, on s’est présentées, on a discuté …
- Et tu l’as invitée …
- Attends ! c’est plus compliqué ! On a pris un thé sur sa terrasse, on a mangé une tarte …
- Wouah ! Les présentations vont vite, avec vous !
- On avait des choses à se dire … je te dirai … et puis elle est super sympa, tu verras …
- (et pas mal foutue, en plus !) Et tu l’as invitée !
- Ouais ! Et tu sais comment je suis rentrée ? En enjambant le petit muret entre nos jardins !
Je m’assois dans le canapé à côté d’elle. Martina s’essuie entre les jambes avec la serviette, s’appuie du coude sur le dossier, une jambe repliée sur mes cuisses.


- C’est pratique, ça … si elle est vraiment si sympa, je sais comment faire pour lui rendre visite discrètement !
- Tu t’arranges avec elle ! Mais ça m’étonnerait que tu lui plaises …
- Elle te l’a dit ?
- Non, mais t’as vu son mec ? t’as aucune chance ! un camionneur de 110 kg, tu fais pas le poids !
J’éclate de rire en même temps qu’elle :
- Bon, en tout cas ,c’est vrai qu’avec ce temps, un barbecue, ça peut être sympa …
- Tu veux pas me servir un verre ?
Je dépose un baiser sur sa tempe, et je vais à la cuisine préparer deux verres :
- COCA ?
- OUI, TRES BIEN …
Super idée la voisine, je la verrai de près. Plus besoin de mater en douce. Je reviens au salon, lui tends son verre :
- Je vais aller enfiler un short !
- Non, reste comme ça, je te veux tout nu, viens t’asseoir !
- … alors … « je te raconterai » … « je te dirai » , c’est quoi l’histoire ?
… et elle m’a raconté. Vu le temps qu’elle a mis et le luxe de détails de son histoire, je suis persuadé qu’elle a beaucoup brodé :
- Et t’as vraiment eu le temps de voir tout ça ? t’inventes pas ?
- Non, je t’assure ! C’est pour ça que je suis allée la voir ce soir, pour m’excuser ! Faire des réflexions comme ça, c’était gonflé, quand même ! Et puis elle avait l’air tellement malheureuse et gênée sur son trottoir … une chance, elle était dehors quand je suis rentrée ! Elle a de l’humour ça va … elle l’a bien pris … mais tu verras … elle est sympa comme tout!
- Et l’autre, ta commerciale ?
- S’appelle Véro ! Elle, c’est … différent … ce soir, je te raconterai … ce soir … on mange ?
J’ai mis un CD, et on a grignoté sur la table du salon.
Martina s’est allongée sur le canapé.
Je suis allé sur la terrasse, j’ai replié le lit-brouette cassé. On avait décidé de les remplacer de toute façon et j’irai en acheter deux nouveaux demain. Nous avons déjà choisi ensemble lesquels acheter en faisant des courses la semaine passée.
Et puis je devrai aussi prévoir les achats pour le barbecue.
Je me suis assis sur les marches descendant sur la pelouse, fatigué. La chaleur de la journée après un week-end difficile, la rentrée inattendue de Martina en fin d’après-midi, tout se cumulait : un premier jour de vacances … étonnant ! Finalement, j’ai beaucoup apprécié la séance sous la douche. Ce n’était pas la peine qu’elle en soit gênée après coup. C’était très excitant. Je n’imagine pas pour autant me plier à ce qu’elle a dit. Moi, avec un autre homme, brrrr … mais sur l’instant, m’imaginer totalement soumis à ses ordres, c’était particulièrement excitant. Elle m’étonne tous les jours.
Je suis tombé amoureux au premier regard, scotché. Pourtant je m’étais bien juré de garder mes distances avec les femmes, de rester froid. J’ai été tellement mal avec Karine : deux mois d’amour, un an de guerre, et moi qui essayait de recoller les morceaux tout en sachant que ça ne marcherait pas. Elle est partie et j’étais vidé. Et puis voilà, trois mois à traîner ma misère, à prendre des résolutions et … Tina.
On était fatigué tous les deux, besoin de sommeil. Tina a pris une douche et m’a rejoint au lit. La nuit est tombée. J’ai ouvert fenêtre et volets pour laisser entrer la fraîcheur. Je fermerai dans la nuit, avant le jour.
Malgré un reste de moiteur dans l’air, Tina s’est rapprochée de moi, a posé la tête sur mon épaule et a passé un bras sur ma poitrine. J’ai glissé mon nez dans ses cheveux et pris un sein dans ma main. Je m’endors souvent comme ça, et elle me laisse faire, vient au devant quand je tarde, me prenant la main pour que je joue avec ses seins.
- Il faut que je te parle de Véronique.
Elle s’est tue ; j’attendais. Elle s’est redressée sur un coude, a glissé sa main dans mes cheveux, a fixé ses yeux dans les miens et m’a raconté, sans jamais lâcher mes yeux …

J’ai parfois une boule d’angoisse qui me prend la gorge, me serre les tripes, à l’idée de la perdre.
Je crois que je ne supporterai s pas. Ce qu’elle est, telle qu’elle est, tout m’est égal si elle est près de moi. Qu’elle m’aime, qu’elle m’aime encore et encore. C’en est presque ridicule et niais, mais c’est si fort ! Malgré tout ce que j’ai vécu avant, j’ai une totale confiance en elle. Elle a vécu, moi aussi, et on s’est trouvé ! Je ne suis ni un ange ni un saint, je le sais. Je regarde d’autres femmes, j’ai même parfois envie d’elles, et si l’occasion, les circonstances, faisaient que … un jour, peut être … qui peut savoir … Mais je n’aimerai plus qu’elle.

… elle m’a raconté … la jolie jeune femme blonde qui la dévorait des yeux, qui perdait ses moyens … je comprenais … qui faisait tout pour la séduire, jusqu’à s’exposer … je comprenais … les attentions, les gestes, les regards perdus de désir … je comprenais …
… elle m’a raconté … la tentation, la gourmandise, le premier geste … je comprenais … le goût sucré, les caresses, le plaisir … je comprenais …

Et j’étais entré dans l’agence : elle était tombée amoureuse de moi .
Au fil des premières semaines, elle avait ressenti le vide qui l’a prenait à la fin de nos visites d’appartement.
Et puis, j’avais tout emporté sur mon passage en un après-midi, une soirée, une nuit …
… et elle avait appris à me connaître, à vivre au jour le jour … et j’étais sa vie …
Et elle était ma vie.
… et je savais la suite … et … qu’importe …

- Tu l’aimes ?
- … non … toi je t’aime … c’est le seul mot que je connais pour dire ce que j’éprouve pour toi, alors ça peut pas être le même mot, impossible … mais j’aime ce qui se passe avec elle … j’aime son attente … et en plus, j’aime le plaisir que je lui donne et celui qu’elle me donne … je ne joue pas avec elle … je ne profite pas d’elle et je ne veux pas lui faire de mal, d’aucune façon.
- …
- Dis-moi quelque chose …
Je lâche son sein que j’ai continué à caresser tout le temps qu’elle parlait, qu’elle s’arrêtait pour réfléchir, peser ses mots, et je la pose sur sa joue :
- Tout va bien, Tina, tout va bien, tu es là près de moi.
Je t’aime … c’est aussi le seul mot que je connais. Il faudrait tellement plus de mots. Je comprends ce que tu m’as dit, et tout va bien. Je ne t’aimerais sûrement pas si tu étais différente, alors tout va bien. J’espère bien, que tu ne joues pas avec elle ! Tu ne serais pas celle que j’aime …
Elle a reposé sa tête sur mon épaule, a pris ma main pour la poser sur ses seins, passé son bras sur ma poitrine. Je sentais ses larmes couler sur mon épaule.
- Tu pleures beaucoup, aujourd’hui …
- T’es souvent mouillé, aujourd’hui …
- Tu me la prêteras ?
Elle me mord l’épaule :
- T’es rien qu’un p’tit salaud !
Nous nous sommes endormis.
Mardi …
Le réveil a sonné à 6h30. Le soleil envahissait la chambre ; je ne m’étais pas réveillé pour tirer les volets dans la nuit. Tina dormait toujours, en travers du lit, la joue sur mon ventre. Je l’ai doucement secouée ; elle a grogné, mais à sa respiration toujours aussi régulière, j’ai vite compris qu’elle dormait toujours. J’ai gratté son dos, de la nuque à ses reins ; «… encore … » ; j’ai recommencé et elle a certainement ouvert les yeux :
- Ohlala ! c’est à toi, ça ?
- Mmm ?
- Y’a un truc qui me regarde …
La première chose qu’elle a eu sous les yeux en se réveillant est mon érection du matin.
Elle s’est assise au bord du lit, et après quelques instants s’est levée et est partie vers la salle de bains d’un pas hésitant.
J’ai entendu la chasse d’eau et l’eau de la douche qui coulait.
Je me suis levé à mon tour, j’ai enfilé un caleçon.
J’ai ouvert la porte coulissante de la terrasse, préparé deux tasses de thé, tartiné deux tranches de quatre-quart de confiture d’abricot. J’ai transporté nos petits déjeuners sur la table de la terrasse, protégée du soleil par l’angle de la maison. Il faisait encore frais et le ciel était d’un bleu uniforme.
Martina m’a rejoint enveloppée dans son drap de bain attaché d’un gros nœud au-dessus de seins.. Je la regardais avancer vers moi, traversant toute la longueur du salon ; chaque pas découvrait son sexe entièrement épilé. Elle s’est assise sur mes genoux pour boire un peu de son thé, manger les deux tranches de gâteaux. Elle a fini son thé lentement tenant sa tasse à deux mains, coudes sur la table :
- Qu’est-ce que tu fais, aujourd’hui ?
- Cet après-midi j’irai au supermarché acheter deux bain de soleil … Jérémy passe en fin de matinée … je lui parlerai du barbecue … tu le sauras quand, combien on sera ?
- Je t’appelle après le déjeuner.
- Tu rentres tôt ?
- J’aimerais bien … tu seras sous la douche ?
- Oh ! sans doute ! et j’essaierai d’être seul …
- Tu t’es déjà douché au thé chaud ?
Elle se lève en riant :
- Je m’habille dans la chambre, prends la salle de bains ! T’as dix minutes et pas une de plus ! je veux t’embrasser avant de partir.
- Bien madame …
Dix minutes plus tard, je l’accompagne jusqu’à sa voiture :
- Tiens, y’a ta copine …
Martina se retourne. Effectivement, Annie est devant sa maison. En collant de jogging, un pied appuyé au mur de pierre qui sépare sa maison de la rue, elle fait des étirements, un jambe après l’autre, abaissant le torse au contact du genou de sa jambe tendue :
- Vachement souple … je serai bien incapable d’en faire autant !
- Déjà, avec ta jupe, ça serait dur !
- Même sans !
- … mmm … essaie donc !
- Pfff ! … BONJOUR ANNIE !
Notre voisine se redresse, tourne la tête, et fais un petit signe de la main :
- BONJOUR !
Elle semble hésiter un instant, et se décide à venir vers nous. Collant noir moulant de jogging, maillot sans manche, une ceinture autour de la taille qui maintient une bouteille d’eau dans son dos, lunettes de frogger glissée dans les cheveux : mignonne, démarche souple et dansante de sportive. Elle me tend la main :
- Bonjour …
Je lui serre la main, brusquement conscient de ma tenue : caleçon et vieilles claquettes de plage.
Elle se tourne hésitante vers Martina, qui s’avance sans façon et l’embrasse sur les joues :
- Tu cours beaucoup ?
- Deux fois par semaine, 10 ou 15 km, ça dépend de ma forme.
- Et aujourd’hui ?
- 10, ça suffira !
- Au fait, je te présente Alain … et voilà Annie …
On se fait à nouveau un petit signe de tête :
- On s’est vu de loin, hier … chacun à trimer en plein soleil pendant que tu te la coulais douce au bureau !
- Oh ! mais je vous cède ma place et je prends la vôtre si vous y tenez …
- Sans façon !
- Tu irais courir à ma place ?
- Oh non ! c’est pas trop mon truc ! Au fait, tu as réfléchi ? On compte sur toi demain, tu sais !
- …
- Allez, s’il te plaît … ça nous ferait tellement plaisir !
- C’est vrai, laissez-vous convaincre !
- Bon, d’accord ! je viendrais … mais je ne connais pas vos amis …
- Tu me connais moi et maintenant tu connais Alain … et puis si vous jardinez aujourd’hui encore, vous vous connaîtrez encore mieux ! … j’ai fait toute une liste … il faut encore qu’il désherbe tout le long de la maison et le long du mur !
- Aujourd’hui ? T’es dure, là …
- Moi, j’ai pas de liste, je vais plutôt profiter de ce beau soleil …
- Oh Oh ! Fais attention, t’es déjà bien rouge …
Martina rit et je ris aussi, au souvenir de sa vision du coup de soleil que Martina m’a raconté hier soir. Annie reste interdite, passant de Martina à moi, hésitante sur ce que Martina vient de dire, et rougit un peu :
- … t’as pas fais-ça …
Martina hausse les épaules avec une petite mimique d’excuse, prend Annie par les épaules et lui plaque un gros baiser sur la joue :
- Y’a bien fallu que je lui dise comment on s’était rencontrées … on a pas de secrets …
Annie a les joues en feu. Elle fixe Martina, plisse les yeux, lui donne un petit coup de poing sur l’épaule :
- T’es pas drôle ! Tu seras jamais ma copine !
Martina la reprend par l’épaule en riant, la tourne vers moi et me montre de la main :
- Tu crois que c’est mieux ? t’as vu comment monsieur se promène dans la rue ?
Annie fait la moue en me regardant, bras autour de la taille de Martina :
- … c’est pas pareil …
- C’est vrai ! … mais on peut arranger ça …
Je me recule, faisant mine de me cramponner à mon caleçon :
- Non ! non ! non ! n’y comptez pas ! pas question !
Je fais semblant de regarder à droite et gauche dans la rue, guettant la présence d’un spectateur éventuel :
- J’ai une réputation, moi ! Je ne me donnerai pas en spectacle !
- Dommage !
Martina joue l’offusquée , et repousse Annie :
- Dis-donc, toi ! Qu’est-ce que ça veut dire « dommage » ? … Chéri, finalement, je t’interdis de mettre le nez dehors aujourd’hui ! je n’ai pas trop confiance dans cette voisine !

Nous avons ri ensemble. Martina est partie au travail, Annie est partie en petites foulées. Je leur ai fait un signe d’au revoir à toutes les deux et suis rentré. Martina ne m’avait pas menti, Annie m’a semblé très sympathique et amusante … joli visage, souriante, son collant laissait deviner de belles jambes … et de belles fesses, mais ça, j’avais déjà eu l’occasion de m’en apercevoir hier dans le jardin !

J’ai traîné toute la matinée, et je venais juste de m’habiller quand Jérémy est arrivé vers 11h30 pour m’emprunter un taille- haie. Nous avons discuté et pris un verre sur la terrasse. Je lui ai parlé du barbecue mais il a décliné : Il devait partir le lendemain matin chez son père qui n’allait pas très bien.
J’étais déçu et Martina le serait sans doute aussi, nous passions parfois de bonnes soirées avec lui, et j’étais persuadé qu’il aurait apprécié l’humour de Christophe. J’ai insisté, mais il ne pouvait pas retarder son départ, il était inquiet pour son père.
Après son départ, j’ai regardé les infos à la télé en mangeant un sandwich.
Martina a téléphoné en début d’après-midi, pour me confirmé la venue de Christophe et Jonathan. J’ai entendu Christophe crier « Salut viking ! » pendant notre conversation. Elle devait être en train de déjeuner à l’Oasis comme tous les jours avec la petite bande d’habitués. Elle n’avait pas pu joindre Véronique. « Baiser, mon cœur, sois sage ! » et elle a raccroché.

J’ai jeté un coup d’œil à la liste des travaux qu’elle avait préparé la veille … remis ça à plus tard … et suis parti au Centre commercial acheter les lits-piscine comme prévu.

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